Je n’aime pas les centres d’appels de prospection. Je l’ai écrit dans mon livre. Je l’ai répété sur scène. Et je le redis ici.
Ce n’est pas contre les gens qui y travaillent. C’est contre le système.
« Où est l’humanité d’un commerce qui vous appelle le jeudi soir chez vous, alors que vous préparez le dîner avec vos enfants, pour vous vendre un abonnement TV, d’électricité, des offres de vin pour Noël, etc. ? Aucune. Les produits sont sûrement bons, les arguments également et j’aurais peut-être intérêt à acheter. Mais ces êtres humains font un travail que pourrait très bien faire un chatbot dont l’intelligence artificielle serait à peine plus élevée que celle d’un mouton. J’attends avec impatience que ce commerce déshumanisé disparaisse définitivement. [2019] »
Un système qui transforme des humains en robots, condamnés à réciter un script, à enchaîner 100 appels par jour, en espérant qu’un prospect mal réveillé décroche et dise oui faute d’arguments.
Un métier où l’on n’écoute pas, on applique un script. Où l’on n’échange pas, on subit un script.
Un métier qui tue la conversation — et probablement l’estime de soi excepté quelques joueurs en recherche d’adrénaline et dopamine.
Alors oui, une IA ferait mieux. Et ça tombe bien : c’est ce que fait l’entreprise de mon amie Stéphanie Delestre, Volubile. Elle remplace les appels à froid par des robots bien pensés.
C’est efficace, rapide, ça va droit au but.
Mais je vais être honnête : ça me prive d’un petit plaisir personnel. Quand un prospecteur m’appelle, je joue.
Je réponds à côté. Je pose des questions absurdes. Je le fais tourner en bourrique. Ils me font perdre mon temps en connaissant à peine mon nom ? Je gagne un moment de jeu, et c’est eux qui perdent leur temps.
C’était ma manière à moi de dire “Non merci”, avec une touche de sarcasme et un fond de résistance.
Mais c’est peut-être bientôt fini. L’IA, elle, n’a pas d’ego. Elle ne fatigue pas. Elle ne doute pas. Elle perdra peut-être 25 secondes, mais elle gagnera la manche de la productivité extrême. Et moi, j’ai perdu mon jouet.
Et pourtant, je défends la technologie dans la vente. Et là, franchement, je dis oui.
Oui à l’IA à la place des centres d’appels, parce que :
• Si le script est figé, autant laisser le robot le suivre.
• Si l’objectif est d’aller droit au but, l’IA le fera sans détour.
•
Et si l’on parle d’emploi… franchement ? Faire 7h de cold call par jour, c’est probablement plus abrutissant que de scroller TikTok pendant 7h. Personne ne rêve de ça.
Alors non, je ne pleure pas la disparition de ces jobs. Je la célèbre presque.
Parce qu’il y a mieux à faire que de répéter 300 fois “Est-ce que je parle bien à la personne qui gère vos contrats ?”
Mais aussi parce que je sais que ce business de l’IA tel qu’il est fait aujourd’hui pourrait lui aussi disparaître d’ici 10 ou 15 ans.
L’IA ne déshumanise pas plus la vente qu’un pion dans un centre d’appel. Elle nous pousse à une forme de lucidité : Volumétrie et performance = IA et réhumaniser le reste.
À créer du lien, du vrai. À parler à ceux qui ont dit “oui”. À écouter, à comprendre, à construire.
C’est là que l’humain est irremplaçable.
Et c’est là que j’ai envie d’être en tant qu’humain. Pour le reste allez-y à fond et voyons jusqu’où va l’innovation.
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